2 Stress Psychologie
Philippe Corten
Psychopathologie du travail
ULB
Chapitre 2 : Aspects psychologiques
1. L’anticipation et l’incertitude
Du point de vue psychologique, la réaction de stress est étroitement liée aux mécanismes d’anticipation. D’une manière générale quand nous anticipons une action, trois issues sont possibles : la réussite, l’échec ou l’incertitude. Si l’on anticipe la réussite tout va très bien. Si l’on anticipe l’échec, on va stimuler des sentiments de colère ou de dépression. Si cela aboutit à l’incertitude, on va devenir anxieux. Des trois issues, la plus pénible à supporter est l’incertitude. On va donc tout faire pour diminuer le degré d’incertitude de l’action. Heureusement, naturellement l’être humain est fondamentalement optimiste. Si plusieurs issues sont possibles et que parmi elles il y a des chances de succès, ce sera celle-là qui sera privilégiée. Lorsqu’on part en vacances, on peut se casser un bras, se faire voler, attraper la dysenterie ou tout peut très bien se passer. Bien sûr on y pense et l’on prend quelques précautions (assurances, anti-diarrhéique, cadenas), mais dans l’ensemble on imagine des vacances réussies.
Il en va de même lorsqu’on prend le volant, on sait pertinemment bien que les accidents de roulage sont l’une des premières causes de mortalité, mais imagine-t-on que le pneu va éclater ou qu’on va s’emboutir sur un platane ? Non, on s’imagine arriver sans problème. Si l’être humain est fondamentalement optimiste, il n’est cependant pas utopiste et dans certaines occasions, anticiper la réussite devient de plus en plus irréaliste. Dans ce cas une des manières de réduire le degré d’incertitude c’est d’anticiper l’échec. C’est le mécanisme que choisit l’étudiant lorsqu’en pleine session il perçoit qu’il ne parviendra pas à maîtriser totalement la matière : il anticipe l’échec.
C’est ce qui arrive aussi aux sportifs quand ils sont en mauvaise posture et ne sont plus en train de