3. Les processus de paix et le maintien de la paix
Bruno Colson
La Guerre froide permettait à la politique étrangère américaine de se fonder sur trois paradigmes simples : "endiguer" (contain) l’Union Soviétique, empêcher la diffusion du communisme, promouvoir une croissance économique globale, sous direction américaine. Pour la première fois depuis plus de quarante ans, les Etats-Unis doivent réévaluer leur place dans le monde, penser à nouveau leur politique extérieure, "repartir à zéro". En fait, depuis l’attaque japonaise sur Pearl Harbor le 7 décembre 1941, la politique étrangère américaine n’a été formulée qu’en réponse à une menace posée par des ennemis. Depuis cette date fatale, l’engagement actif à l’extérieur n’a jamais cessé. Quand les armes se taisaient, la confrontation se poursuivait sous d’autres formes. Depuis 1990, les Etats-Unis ont retrouvé une véritable liberté de choix.
Le regard se porte, dans un réflexe compréhensible devant l’inconnu, sur ces années cruciales où avaient été définies les grandes options vis-à-vis de l’extérieur. On va rechercher certaines études des années 1945-1949. On interroge à nouveau George Kennan, Robert Strausz-Hupé, Dean Acheson. La référence à l’histoire oblige même à remonter à la seconde décennie du XIXe siècle, lorsqu’un "nouvel ordre mondial", arrêté au congrès de Vienne, avait mis un terme aux guerres napoléoniennes. Même si la compétition entre les puissances continue, la crainte d’une domination globale par la force semble avoir disparu, et avec elle, au fond, la première caractéristique de la politique internationale au XXe siècle.
Les Américains ont toujours aimé utiliser des expressions-clés, des concepts significatifs d’une vision du monde et du rôle de leur pays. Le "nouvel ordre mondial" préconisé par George Bush au moment de la guerre du Golfe est le plus connu de ces concepts d’après-Guerre froide. Il n’est pas le seul. D’autres sont apparus, dans la même mouvance d’un "internationalisme