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Christian MORIN
Un amour de Swann, un amour comique?
Déjà dans le théâtre antique et jusque dans les comédies sentimentales hollywoodiennes d’aujourd’hui, les contraintes sociales et financières ou encore la jalousie briment l’amour. Sans être comiques en soi (on prend ici comique dans son sens le plus large, regroupant toutes les formes du risible), ces contraintes peuvent donner lieu à des situations comiques, mille fois reprises au théâtre et au cinéma, où différents procédés concourent à leur efficacité. Par ailleurs, l’expression « La comédie de l’amour »1 ne renvoie pas seulement à ces situations, mais introduit un propos relatif à la teneur de l’amour. Autrement dit, elle semble poser la question : « L’amour peut-il (toujours) être pris au sérieux? » Dans cette perspective, le traitement ludique de ce propos aura évidemment un rôle à jouer dans la production de l’effet comique global. Il est intéressant d’observer que ces deux portes d’entrée du comique correspondent à deux niveaux du discours, expression et contenu (voir Fontanille, 1999, p. 4), et que par l’un de ces niveaux le comique se trouve thématisé; il n’est donc pas seulement un effet redevable à différents procédés2.
Ce double champ de la comédie lié à l’amour est exploité dans une œuvre dont, traditionnellement, on interroge peu ou pas le caractère comique : Un amour de Swann de Marcel Proust. Il convient de noter qu’il s’agit d’une partie d’À la recherche du temps perdu3 qu’il est possible d’isoler relativement aisément, ce qui n’est peut-être pas étranger au
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Tel était le thème du colloque de l’Association pour le développement des recherches sur