A321
Orly est un capharnaüm de vols surchargés, de créneaux de départ qui bondissent à saute-mouton les uns par-dessus les autres, de passagers déboulant tels des troupeaux de bisons en fureur à travers les halls des aérogares, énervés au point de rupture, excédés d’avoir depuis Paris ingurgité de force trop de bouchons saturés de gaz d’échappement. Les agents de comptoir à la lutte avec les réservations qui sautent, le temps qui passe trop vite et les listes d’attente piaffantes se relaient d’un vol cauchemardesque sur l’autre, tout comme les contrôleurs de la navigation aérienne poussés à la rupture à quelques encâblures d’ici se passent d’un poste à l’autre les données intraitables de cette quadrature du cercle désespérée qu’est devenue le transport aérien de masse.
Dans le cockpit, un jeune commandant et son officier pilote. Le commandant s’est récemment acheté un beau Pitts S 2 d’occasion, et vole en province sur un avion ancien et romantique. Le copi est un pur, qui a commencé comme mécano de piste, est devenu steward, puis pilote. Parcours sans faute, éminemment respectable pour un aviateur de toute évidence complet.
Tous deux sont des professionnels policés, jeunes mais parfaitement à leur place. Autour de nous, tout s’agite. Notre vol a déjà quarante cinq minutes de retard, hérités d’un problème de circulation aérienne datant du matin, et répercutées sur le planning de l’avion dont le programme du jour est calculé sans marge. La chef de cabine, qui en a vu d’autres mais qui ce soir, aprés trois étapes en retard et des vols pleins, s’approche de la limite de saturation, entre au poste pas heureuse. Il lui manque un passager.
Le problème est posé. Soit on part sans le client, mais alors il faut faire une recherche de bagages pour