À travers sa tirade comparative dans la scène 2 de l’acte 3, Arnolphe, le personnage principal, insiste sur la relation qui unit l’homme et la femme dans le mariage, régi par la supériorité de l’homme. Il est clair que l’homme, honorable et supérieur, n’a besoin de la femme que pour assouvir des désirs charnelles : «Votre sexe n’est là que pour la dépendance » (v.699). Par contre la femme dépend entièrement de l’homme pour son statut social. Ainsi, Agnès, la femme d’Arnolphe, doit se compter chanceuse de son « rang d’honorable bourgeoise» et de se rappeler « [l]e peu qu’elle était sans ce nœud glorieux » (v.690) et de « [c]ontempler la bassesse où [elle] [a] été » (v.681). Il continue d’exagérer, disant à la pauvre Agnès que « cent fois la journée/ [elle] [doit] bénir l’heur de [sa] destinée » (v.679-680). De plus, il trouve la femme ingrate : « C’est ce qu’entendent mal les femmes d’aujourd’hui » (v.717). C’est ce qui ramène Arnolphe à parler « d’autrui. » (v.718) En effet, Arnolphe critique l’irresponsabilité des femmes dans le mariage. Ces dernières seraient corrompues selon lui et il veut qu’Agnès se garde « d’imiter ces coquettes vilaines » et de jouir « [d’]aucun jeune blondin. » (v.722) Il rabaisse fortement la femme qui n’est qu’une petite moitié par rapport à l’homme: « L’une est moitié suprême et l’autre subalterne » (v.703). Les deux sexes sont loin d’être égales et la gradation comparative qui la suit renforce cette idée : « Le valet à son maître, un enfant à son père/ [à] son supérieur le moindre petit Frère » (v.707-708). L’écart entre l’époux et sa demie augmente de plus en plus pendant la tirade d’Arnolphe. Bref, en comparant ce qu’il idéalise et ce qu’il déplore dans les agissements des femmes mariés, le personnage principal évoque le rôle que devra détenir Agnès. (205)