addiction
Nous pouvons considérer que l’addiction commence quand, pour le sujet, la souffrance supplante le plaisir. La mention « pour le sujet » est ici fondamentale car le diagnostic ne peut faire abstraction de la perception subjective de cette balance plaisir-souffrance. Des sujets peuvent en effet se sentir parfaitement heureux tout en présentant tous les signes de dépendance, mais juger cette dépendance comme s’inscrivant dans un mode de vie qui leur convient. Autrement dit, l’addiction constitue la perception et la représentation de l’échec de la recherche de satisfaction, recherche qui préside à toutes les consommations de substances. Et il ne peut y avoir de désignation de l’échec sans le sujet. Cela rend compte de la relativité du vocable de maladie rattaché à l’addiction : l’addiction est une maladie comme les autres si l’on prend en compte ses spécificités… En l’occurrence, la première des spécificités est qu’elle repose sur une démarche initiale de mieux être, que ce soit au titre des effets psycho-corporels agréables que procure le produit, au titre de l’apaisement de souffrances internes comme de tensions avec le monde extérieur, ou que ce soit au titre de la facilitation des relations sociales voire de l’intégration dans un groupe. Trois types de satisfactions recherchées constituent les bénéfices obtenus par le sujet, y compris, possiblement dans ce que l’on peut considérer, de l’extérieur, comme une toxicomanie destructrice.
L’addiction s’instaure lorsque le recours à une source de plaisir devient asservissant — c’est la perte de contrôle qui correspond à l’emballement du système de récompense — mais aussi lorsqu’il devient envahissant, c’est-à-dire quand la répétition de la sensation autodéclenchée engage une modification permanente du rapport au monde. Une modification de soi dans son lien au monde qui n’arrive pas par hasard, mais qui permet à la fois de mieux répondre aux attentes du social et de s’en protéger. L’addiction