Adieu odieux
Adieu Odieux
Je n’oublierai jamais ma première rencontre avec Monsieur Marcellus, mon professeur de français de deux cours durant ma dernière année au lycée. J’avais déjà décidé de devenir prof de français moi-même, mais à cause de cet odieux prof, j’ai pris un long détour dans ma carrière professionnelle. Il était chef du département dans un grand lycée d’une banlieue de Toronto – non pas parce qu’il méritait la position, mais dû à sa séniorité. J’avais peur de travailler pour quelqu’un pareil, ou, pire encore, de devenir aussi un prof paresseux.
En entrant, tard, dans la salle de classe, il a posé ses affaires bruyamment sur la table. Il portait une veste en tweed bleu qui ne lui allait pas très bien, une cravate rayée démodée, et une chemise blanche, ou qui avait été blanche et était maintenant jaunie. Le pantalon noir quelconque menait à des Oxfords noirs, avec des semelles épaisses renforcées. Ses membres étaient courts, ses mains carrées avec d’énormes taches de rousseur. Il avait un visage rond et chaque trait était rond aussi, tout avec un teint rouge violet colérique qui témoignait d’amertume et la déception. Ses petits yeux saillants ressemblaient à ceux d’un cochon, dépourvus de tendresse, de pitié, de sympathie. Les sourcils comme des chenilles grisâtres. Le front était bas et large, les lèvres épaisses, les bajoues pendantes. Ses cheveux épars en brosse étaient gris comme des fils de fer.
Sans salutation, sans sourire, il nous a dit d’une voix forte, rauque, grinçante, « Je vais prendre ma retraite dans deux ans et demi. Si vous ne m’embêtez pas, je ne vous embêterai pas non plus et nous nous entendrons très bien et vous recevrez vos crédits à la fin de l’année. Et l’année continuait dans cette veine de la mauvaise humeur et de la paresse. La bonne volonté lui faisait défaut. Il devenait fâché facilement, comme le jour où quelqu’un au premier rang a apporté un parapluie en classe parce que le prof crachait partout. Il