Adolphe
L’amour s’enracine dans tous les coeurs. Pour ceux qui se trouvent dans l’amour, il est tangible mais inexplicable ; cependant quant à ceux qui poursuivent encore l’amour, il fait l’objet de démystification constante et inspire toujours de rêves et de désirs. L’amour reste donc un fantôme : chacun croit son existence mais personne ne l’affirme sans hésitation, ce qui introduit le charme de l’amour. Cette existence de l’amour est omniprésente et cosmique en laissant des traces dans le passé comme des souvenirs ineffaçables, en évoquant des sensations de beauté et d’ivresse en sa présence actuelle, en donnant des illusions de l’avenir muni des espoirs et promesses :
Tous les détails échappent aus souvenir par leur douceur même, et qui ne laissent dans notre âme qu’une longue trace de bonheur, cette gaieté folâtre qui se mêle quelquefois san cause à un attendrissement habituel, tant de plaisir dans la présence, et dans l’absence tant d’espoir.
La douceur, le bonheur, la gaieté, le plaisir et l’espoir sont des habitués quand on parle de l’amour. Il est vrai que l’amour se donne une telle impression positive, mais si l’on la croit inchangeable et unique, l’optimisme nous déguise la complexité de l’amour. Tout comme la montagne a ses pics et creux, l’océan ses montée et retrait, l’amour n’est pas moins tourmenté : à l’opposé de beaux rappels, quelques cauchemars s’entrouvrent ; la jouissance en sa présence est limitée, dépendant de circontances capricieuses, et momentanée par rapport au temps continuel ; les espoirs deviendraient des illusions decevantes et les promesses n’approuvent que leur propre faiblesse. Enfin, le malheur trouve sa place dans l’amour et souvent l’emporte sur le bonheur. C’est un cas tant universel que Adolphe n’arrive pas à s’en débarrasser.
L’amour est de nature enviable et éminent, tant attirant pour que l’homme le désire mais pas