Affaire calas
L'affaire Calas est non seulement la plus méchante erreur judiciaire, mais encore une des plus extraordinaires énigmes du XVIIIe siècle. Une famille protestante victime de l'intégrisme. Un fils, Marc-Antoine, retrouvé mort. Un tribunal partial et borné, tout-puissant et irresponsable. Jean Calas condamné à être roué vif, étranglé puis brûlé, au terme d'un procès effrayant. Et Voltaire, seul, qui bouscule la tyrannie du si charmant siècle de Louis XV.
Les faits
Le 13 octobre 1761, Jean Calas, marchand lingier protestant, retrouve l'un de ses enfants, Marc-Antoine, mort étranglé dans la maison familiale, rue des Filatiers à Toulouse. Le capitoul (officier municipal) David de Beaudrigue est chargé de l'enquête. Il interroge Jean Calas, son fils Pierre ainsi que Gaubert de Lavaisse, invité le soir du drame. Ces derniers donnent des indications vagues sur les circonstances dans lesquelles le corps a été découvert : ils soutiennent d'abord la thèse d'un meurtre commis par un inconnu avant d'avouer avoir retrouvé le jeune homme pendu. Ils auraient maquillé le suicide en meurtre afin d'épargner au défunt les obsèques infâmantes prévues en cas de crime contre soi-même. Mais les Calas sont protestants et la rumeur attribue le meurtre à Jean Calas et à sa fureur contre un fils qui désirait se convertir au catholicisme. David de Beaudrigue exige un complément d'enquête et le fait passer à la question : sous la torture, le vieil homme avoue le crime avant de se rétracter. Condamné à mort le 9 mars 1762 par le Parlement de Toulouse (huit voix sur treize), Jean Calas meurt le lendemain, roué vif, étranglé puis brûlé sur la place Saint-Georges. Dix jours plus tard les co-accusés sont jugés : Pierre Calas est banni (il part s'installer à Genève, capitale calviniste), sa mère Anne-Rose Calas, Jeanne Viguière (la servante) et Lavaisse sont acquittés.
L'enquête de Voltaire
Informé de l'affaire par Dominique Audibert, marchand marseillais, Voltaire