Affaire patrick dils
QUESTION 1 : Il peut paraitre étonnant, lorsqu’on a sa conscience pour soi, que l’on s’estime bien inséré dans la société, honnête citoyen et jeune garçon menant une existence paisible, de voir sa vie basculer de manière aussi épouvantable du jour au lendemain à cause d’un malheureux concours de circonstances. Ainsi en a-t-il été pour Patrick Dils, 16 ans, vivant à Montigny-lès-Metz, en ce jour du 30 Avril 1987 où il fut inculpé d’homicide volontaire sur deux garçons, retrouvés morts le crâne fracassé le long d’une voie ferrée le 29 Septembre de la même année. Etrangement, lors de son interrogatoire, Patrick Dils avouera ce double meurtre qu’il n’a pas commis mais sans pouvoir fournir aux policiers de mobile valable, et pour cause. Patrick Dils à l’époque a donc 16 ans, c’est un adolescent fragile, apprenti cuisinier, décrit comme immature, timide et effacé, qui subit brutalement et sans le moindre ménagement près de trente-six heures de garde à vue et d’interrogatoires en tir nourri sans y être le moins du monde préparé. On le prive de nourriture, de sommeil, on le malmène et on l’insulte. Psychologiquement, le jeune homme est affolé, épuisé, paniqué.
Une fois plongé et maintenu dans cet état de faiblesse profonde, en raison aussi de sa jeunesse et de sa suggestibilité en tant qu’adolescent influençable et dépassé par ce qui lui arrive, Patrick Dils n’a plus qu’une envie, que cela cesse, afin, le croit-il, de pouvoir rentrer chez lui. Il se met à espérer un bénéfice à court terme (la fin de sa garde à vue) s’il donne un « os à ronger » aux policiers. Ainsi, à bout de forces, souhaitant échapper à un interrogatoire stressant supplémentaire, le garçon se met à « avouer », sans pouvoir cependant expliquer les raisons de son geste atroce. Selon la psychologie des aveux (de M.Saul Kassin, psychologue au J.J College de New York), certaines personnes vulnérables et fragiles peuvent effectivement se mettre à