Ai-je des devoirs envers moi meme ?
386 mots
2 pages
Autrement dit, je suis libre d’accomplir mes devoirs envers moi-même (pourvu que je pense effectivement en avoir) ou pas, tant que cela n’affecte pas d’une quelconque façon les autres. La réponse à la question « a-t-on des devoirs envers soi-même ? » est donc loin d’être unifiée. Et ceci notamment lorsque nous nous engageons de nos jours dans des discussions autour de la bioéthique, que nous pouvons définir comme une réflexion sur des problèmes d’ordre moral suscités par la recherche sur le vivant et ses applications. Le champ bioéthique tel que nous le connaissons aujourd’hui a été influencé par deux manières de raisonner radicalement opposées, à savoir l’éthique de la responsabilité d’une part, et celle des convictions, d’autre part. La première favorise, au moment de prendre une décision, les conséquences de l’action sur le plan pratique. Les personnes seules ont la responsabilité de leurs choix (principe de l’autonomie individuelle) et la loi ne doit intervenir que lorsque le comportement lèse un tiers. En fonction de ces deux principes, les restrictions apparaissent comme le fruit d’une délibération démocratique ayant pour fondement des arguments rationnels. Autrement dit, les tenants de l’éthique de responsabilité considèrent que nous n’avons pas de devoirs envers nous-mêmes. A l’inverse, les tenants du courant de l’éthique des convictions considèrent que les lois humaines trouvent leur fondement dans des forces extérieures et supérieures, qui les déterminent. Selon eux, avec la modernité disparaît toute référence à des valeurs communes et à une vérité absolue pour tous. La vie sociale s’aventure ainsi sur les sables mouvants d’un relativisme absolu, et tout est matière à convention, tout est négociable. La notion de dignité humaine est mise au premier plan : contrairement à la perspective moderne où, par nature, l’individu s’appartient, la logique de la dignité postule que, par nature, l’individu ne s’appartient pas, mais appartient à la nature qui le