La voix de l'ailleurs ou la convocation vers l'ailleurs dans le théâtre espagnol et polonais du XXIe siècle. Dans mon sujet de thèse, la Violence ordinaire dans le théâtre polonais et espagnol des deux dernières décennies, le thème de l'ailleurs apparaît dans quelques pièces de théâtre qui traitent de la violence et où les protagonistes se situent à mi-chemin entre deux mondes : celui des vivants et celui des morts. Le fonctionnement de tels personnages est très enrichissant non seulement pour la réception d'une pièce par les spectateurs, mais aussi pour la présentation des nuances dans les relations entre les personnages. Cet exposé aura pour but d'analyser l'aspect de l'ailleurs dans cinq pièces de théâtre (trois polonaises et deux espagnoles). La première dimension que nous étudierons sera la manière dont la thématique de l'ailleurs est traitée. Nous verrons notamment que l'ailleurs est associé à la mort. Parfois, on entend la voix d'une victime prendre la parole après sa mort et témoigner de la violence qu'elle a subie. Parfois, les victimes de violences créent leur propre monde intérieur afin de supporter la réalité oppressive, ce qui est un exemple classique de fuite psychologique ; existant dans le monde réel, les victimes fonctionnent au dehors de la vie. Parfois encore (c'est le cas dans l'œuvre d'Angelica Liddell), les protagonistes sont obsédés par la mort et de ce fait convoqués vers l'ailleurs. Le deuxième aspect qui nous intéressera concerne plutôt la face stylistique d'un texte ou d'une représentation parce que, évidemment, la présence de deux réalités spatiales et temporelles complique la réception du drame par le lecteur, mais aussi les relations entre tous les personnages sur la scène. Le schéma le plus fréquent, c'est l'invisibilité de ces protagonistes morts pour le reste des personnages (les acteurs) et, en même temps ce sont eux qui attirent toute l'attention des spectateurs. Néanmoins, le traitement, le degré d'interaction entre