Cette remarque s'applique à l'art de l'escrime, où l'on discerne aisément l'utile et le beau, quoiqu'ils doivent s'accorder finalement. Il est connu que la meilleure position d'escrimeur, j'entends la plus favorable au départ vif, à la parade, à la feinte a quelque chose de pénible pour le spectateur non éduqué. Il y a donc un art de plaire qui n'est pas l'art véritable, et une escrime de théâtre pour tout dire. Ainsi il y a une ambiguïté au sujet du naturel. Le naturel est changé par l'opinion vulgaire, je veux dire par ce genre de spectacle qui n'est pas confirmé par l'oeuvre ; et tel est l'art du comédien, le plus flatteur, le plus facile, le plus faux, et qui veut régir tous les autres. Ainsi le dessin du fau¬cheur, je dis le vrai et beau dessin, n'est pas toujours celui qui plaira au premier instant. On peut prendre pour conventionnelle l'attitude de l'escrimeur et celle du cavalier, comme aussi la pose du cheval, si l'on n'a pas assez regardé, et surtout si l'on n'a joué cette mimique soi-même. Mais distinguons ici deux mimiques, celle qui fait quelque chose, et celle qui ne fait rien qu'exprimer. Le dernier juge c'est la passion, qui doit être vaincue. Ainsi l'amour doit être apaisé après la danse, et la colère après l'escrime, et la peur après l'équitation. Ce qui fait bien voir que l'art n'exprime pas du tout les passions, mais les passions vaincues. Le beau a deux aspects, la puissance et la paix. Le beau cheval n'est fougueux qu'assez pour que la maîtrise se mon¬tre ; un peu de plus et l'art du cavalier périt. Il reste à savoir ce qui subsiste de l'art du peintre, soit qu'il copie un modèle ou