Alena apres 15ans
CHRONIQUE
L’ALÉNA, après bientôt 15 ans
Par Daniel Navarro Castaño* Introduction En 1994, l’ancien sous-gouverneur de la Banque du Canada, William R. White, soutenait que la restructuration des industries nord-américaines causée par l’ALÉNA allait permettre l’amélioration du niveau de vie des habitants du continent dans le moyen et long terme1. Il répondait ainsi aux craintes concernant la perte d’emplois et l’harmonisation vers le bas des normes du travail soulevées par les multiples opposants à l’accord. Selon M. White, « in the short run, there may be difficulties of adaptation at the level of both individuals and companies, but over time the beneficial effects on output and living standards will become apparent »2, et ce, malgré les immenses disparités qui séparent les pays signataires. Quatorze ans plus tard, la controverse concernant l’impact de l’accord sur le bien-être des populations persiste. Au Canada et aux États-Unis, l’ALÉNA semble avoir produit des résultats plutôt positifs (quoique loin des prédictions les plus optimistes véhiculées par les promoteurs de l’accord), ce qui n’a pas empêché les candidats à l’investiture démocrate de rouvrir le débat autour des impacts de l’accord sur le secteur manufacturier américain. Au Mexique, les résultats plutôt mitigés de la libéralisation commerciale sont l’une des causes invoquées par les organisateurs des manifestations des derniers mois. En effet, les indicateurs économiques et sociaux observés au Sud du Rio Grande démontrent que l’impact de l’accord sur la croissance économique, la réduction des écarts salariaux et la création d’emploi est loin d’être satisfaisant, malgré les gains obtenus au niveau des exportations, de la productivité et de la transparence dans la gestion des affaires.
1 White, W.R., 1994, The Implications of the FTA and NAFTA for Canada and Mexico, Ottawa, Banque du Canada, pg. 27. 2 Selon l’OCDE, en 2006 le PIB du