Alice kuipers ne t’inquiète pas pour moi
270 mots
2 pages
Une mère. Sa fille, Claire. Elles vivent ensemble, ou plutôt se croisent. L'une au boulot, l'autre au lycée, le temps d'être vraiment à deux leur échappe. Elles se laissent des petits billets, collés sur le frigo. Lien ténu, mais lien quand même. Défile ainsi, à mots essentiels, leur quotidien, entre crise de nerfs et déclaration d'amour, complicité et lassitude. On y lit des listes de courses, des « range ta chambre », « ton argent de poche est sur le comptoir », « j'ai adoré ton poème mon coeur », « ai-je été une bonne mère ? », signés Maman. Côté fille, ça râle (« suis ton esclave à domicile »), ça implore, ça rigole, ça s'inquiète : « Je n'ai pas besoin de grandes vacances. Je veux juste que tu ailles mieux. Je t'embrasse très fort », signé Claire.
Ne t'inquiète pas pour moi est un livre troublant. Par sa forme, ces petits papiers qui au final font un vrai roman. Par l'intrigue déployée, les relations mère-fille ado, quand la première est tout à son travail dans une maternité puis tombe (gravement) malade, et quand la seconde est tout à ses amours naissantes, à la vie qui l'aspire. Alice Kuipers, 29 ans, signe ici son premier roman - une sorte de défi à faire vivre une intrigue et deux personnages par le seul biais de petits papiers. Elle donne aux colères, aux effusions, un rythme haletant et jamais ne sombre dans le mélo. « Tu me manques. Je t'en prie, ne t'inquiète pas pour moi. Ta fille, Claire. » Rien que de l'énergie, de la vitalité, de