L’orthographe française est particulièrement difficile, et est de plus en plus souvent pointée comme un frein à l’apprentissage du français par les étrangers. Les discours sur la « crise de l’orthographe » se multiplient, et des études récentes montrent qu’effectivement, les jeunes francophones maitrisent de moins en moins bien l’orthographe (Manesse et Cogis 2007). L’une des solutions envisagées est de simplifier l’orthographe, idée qui n’est pas neuve puisque de multiples projets ont été élaborés au cours du 20e siècle. Aucun pourtant n’a trouvé de concrétisation, à l’exception des « Rectifications orthographiques » conçues par le Conseil supérieur de la langue française, cautionnées par l’Académie française, et publiées au Journal officiel le 6 décembre 1990, mais dont le suivi a été inégal dans les différents pays de la francophonie, tout comme, par voie naturelle de conséquence, l’implémentation. A quoi aspirent les citoyens en la matière ? La question est sensible. Pour y répondre, nous avons mené au début de l’année 2010 une grande enquête internationale auprès de 1738 personnes : d’une part, des enseignants de français, aux niveaux primaire et secondaire – puisquece sont eux qui sont chargés institutionnellement de transmettre la norme –, et, d’autre part, de futurs enseignants de français. L’enquête s’est déroulée sur six terrains différents : quatre situations de la francophonie du Nord (Belgique, Canada, France et Suisse), où le français est langue première pour la majorité des témoins, et deux de la francophonie du Sud (Algérie et Maroc), où il a statut de langue seconde. Nous y abordons la question des difficultés orthographiques, mais aussi celle de l’image de l’orthographe ou encore, à travers des points très précis, des réformes qu’il serait souhaitable de mettre en