Alphonse daudet la vision ambigue du monde
Colette Becker
Dans TravaillerTravailler 2002/1 (n° 7)2002/1 (n° 7), pages 53 à 62
Éditions Martin MédiaMartin Média
ISSN 1620-5340
ISBN 2911616944
DOI 10.3917/trav.007.0053
Distribution électronique Cairn.info pour Martin Média.Distribution électronique Cairn.info pour Martin Média.
La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans …afficher plus de contenu…
Ce qui l’intéresse, ce n’est pas réellement l’évocation des mœurs ouvrières, mais un type de récit drama- tique, voire mélodramatique, des histoires destinées à faire pleurer Margot, auxquelles servent de liens le personnage de Jack et sa lutte avec l’amant de sa mère, d’Argenton, pour la conserver. « L’amant de la mère est un faux poète qui aurait fait un excellent ouvrier. L’enfant est un poète qui fait un détestable ouvrier, et manque mourir. » Ces lignes montrent bien que Dau- det veut avant tout susciter l’émotion par la peinture de la dégradation du personnage. D’où l’ambiguïté de la présentation qu’il fait du monde ouvrier. Elle est traditionnelle et réactionnaire, marquée par la Commune et les fan- tasmes qu’elle a fait naître – le choix comme source documentaire du …afficher plus de contenu…
Il se borne, en cela, à reprendre les clichés les plus habituels à l’époque. D’un côté, il y a les paresseux, beaux parleurs, piliers de cabarets où ils dépensent les ressources de leur famille ; de l’autre, les bons travailleurs, durs à la peine, ne se plaignant jamais, quel que soit leur sort.
À la première catégorie appartiennent les « Arthur », dénoncés dans un des Contes du lundi, qui boivent toute leur paie et battent leurs épouses :
« Tout ce qu’il y a de mauvais, de destructeur dans ces affreux vins de bar- rière, lui montait au cerveau et voulait sortir. La femme hurlait, les derniers meubles du bouge volaient en éclats, les enfants réveillés en sursaut pleuraient de peur. »