Alva gingras
Une prison québécoise, en 1952. Le vieux Simon et ses collègues de cellule accueillent l’évêque Jean Bilodeau dans une salle exigüe. Il s’agit de lui faire avouer un crime commis il y a quarante ans de cela, dans la petite ville de Roberval pour lequel Simon a injustement été emprisonné. Ainsi la petite troupe de forçats va-t-elle rejouer sous les yeux de l’homme d’église le drame romantique qui changea sa vie et celle de Simon.
Ce drame de l’auteur Michel Marc Bouchard est une œuvre majeure du répertoire québécois dans lequel les passions s’exacerbent et où la folie prédomine : celle de la Comtesse de Tilly, une aristocrate déchue qui appelle avec obstination sa bicoque un « manoir » ; celle de la française Lydie-Anne de Rozier, tellement experte dans l’art du mensonge qu’elle se ment à elle-même ; celle du jeune Simon et du comte Vallier de Tilly, follement amoureux sans le savoir encore et celle, surtout, du jeune Bilodeau, qui pense aimer Simon comme on aime un ange.
L’homosexualité et son incompréhension est un des thèmes majeurs de ce texte magnifique, mais le metteur en scène a pris le parti de le mettre au second plan, derrière celui de la vengeance par l’art. La mise en abyme est au cœur du dispositif. En positionnant l’évêque Bilodeau comme observateur éclairé de l’histoire cachée de sa propre vie, Olivier Sanquer affirme avec force le pouvoir de la catharsis et la prédominance, parfois, de l’art sur la vérité officielle.
La sobriété de la mise en scène s’adapte aux conditions carcérales, les prisonniers n’ayant que leurs vêtements, des chaises et leur soif de vérité pour seuls alliés. Les comédiens de la troupe Nacéo sont tous d’une justesse étonnante. Victor Perrault en Simon jeune et Axel Arnault en Vallier de Tilly forment un couple crédible et émouvant,