Amélie nothomb
Le récit autobiographique ne se cantonne pas à explorer les méandres du moi intérieur de l'écrivain, il s'intéresse aussi aux rapports de l'écrivain avec le monde extérieur, donnant ainsi parfois naissance à une critique acerbe de la société qui l'entoure. Dans son récit Stupeur et tremblements, né de son expérience de stagiaire dans une entreprise japonaise, Amélie Nothomb est conduite à réfléchir sur le statut de la femme japonaise, telle que l'incarne sa supérieure hiérarchique Fubuki Mori. Par-delà la remise en cause par une occidentale du statut de la Japonaise, c'est la société japonaise dans son ensemble qu'elle critique, marquant fortement sa présence dans la vision subjective qu'elle en donne. Le passage, argumentatif, est constitué de trois paragraphes, qui visent à démontrer les effets dévastateurs de l'éducation inculquée à la femme japonaise. On s'intéressera tout d'abord à l'image négative que la narratrice donne de la femme japonaise puis à la critique forte qu'elle fait de la société nippone capable de générer un tel mal être.
Il s'agit de tuer dans « l'esprit» de la Japonaise tout « idéal », tout espoir. Au moyen de la répétition anaphorique des injonctions «n'espère pas », la narratrice mime le martèlement inlassable de cette éducation. On retrouve ce martèlement dans les parallélismes de construction « si ... tu es, si ... tu es, si ... tu es ... ». La métaphore du «plâtre à l'intérieur du cerveau» signale que ce qui est recherché est l'immobilité intérieure de la femme, cernée de toute part, qui ne doit envisager aucune échappatoire à cette éducation; c'est une forme de mort intérieure, qui néanmoins est à l'origine de son « pouvoir » « considérable ». Privée de tout espoir et de toute aspiration à un quelconque bonheur, la femme japonaise n'en devient que