American psycho et baise-moi
L'auteur de ce journal et le journal lui-même appartiennent évidemment au domaine de lafiction. Et pourtant, si l'on considère les circonstances sous l'action desquelles s'est formée notre société, il apparaît qu'il peut, qu'il doit exister parmi nous des êtres semblables à l'auteur de cejournal. J'ai voulu montrer au public, en en soulignant quelque peu les traits, un des personnages de l'époque qui vient de s'écrouler, un des représentants de la génération qui s'éteintactuellement.[1]
La fonction du récit fictif de Bret Easton Ellis est claire : ce dernier, en mettant en scène un personnage désenchanté comme Patrick Bateman, veut montrer la déchéance de la société capitaliste contemporaine. Patrick Bateman est un jeune yuppie travaillant dans les finances, à Wall Street, et qui laisse libre cours à ses pulsions en torturant et assassinant ses semblables. En mettant en scène un meurtrier, Ellis montre que l'humain détruit ses semblables, que l'humanité se dévore par elle-même. Il place la modernité dans une impasse, il se questionne quant à l'avenir de la société dans laquelle il vit. Avec ce roman, il tente de mettre en scène le désarroi de ses contemporains, le désenchantement du monde. « Le roman transgressif contemporain est donc avant tout la manifestation d'une insuffisance, d'un manque, d'une absence, d'un vide que l'on n'arrive pas à combler.[2] » Son statut social de dominant dans la hiérarchie lui donne le pouvoir de vie ou de mort sur les dominés, en l’occurrence, les pauvres, les clochards, les gens qui ne sont pas des blancs, les