Le monologue Une contradiction : À première vue, le monologue semble une forme anti-théâtrale, puisqu’il est un non-dialogue. Anti-théâtral aussi, parce qu’il semble briser « l’illusion théâtrale » en affichant sa nature « littéraire ». Il ne s’adresse, en plus, qu’au spectateur. Cela posait un problème de vraisemblance aux classiques, qui ne le toléraient qu’en cas de débordement passionnel. Or, on peut contester ces idées d’artificialité et d’absence de dialogue (cf. A. Ubersfeld). 1/ Le monologue répond à une nécessité dramaturgique, il est le fruit d’une nécessité de l’écriture théâtrale, et il est une forme très significative (très porteuse de sens). Le monologue est la forme la plus appropriée et la plus naturelle de la solitude : un monologue est « un aveu de solitude » : le personnage est laissé seul en scène par l’auteur précisément pour « dire » sa solitude (Ex : c’est nettement le cas du Résident qui se plaint sans cesse de son isolement) : l’entourer de personnages n’aurait aucun sens… C’est pourquoi un monologue est souvent pathétique. 2/ Le monologue ne signifie pas absence de dialogue ; il est une « forme constitutive de l’échange théâtral ». Le monologue est donc paradoxalement une forme essentiellement dialogique, où l’on retrouve la double énonciation. C’est un discours « adressé » [ce n’est pas le cas du soliloque qui est un pur discours auto-réflexif, ne s’adressant à personne, niant toute destination même imaginaire et auquel le spectateur n’est pas censé assister — celui-ci devient alors une sorte de « voyeur » (vision traditionnelle du spectateur)]. Cette forme est difficile à mettre en place au théâtre, ou alors sous la forme d’un discours parfaitement incompréhensible, qui ne laisserait aucune prise au spectateur : scène de délire où le spectateur serait exclu. - il s’adresse d’abord au Public (c’est le plus évident). Mais cela veut dire qu’il faut sortir de l’idée selon laquelle le spectateur est exclu du théâtre dès que la pièce