Marguerite, la fille aînée est une jeune flamande du XIXe siècle, telle qu'on en voit sur les tableaux de Rembrandt. Elle a 16 ans. (Portrait p.128). Elle est accoutumée à tenir une maison et même habile à quelque métier de femme. Emmanuel est le neveu de l'Abbé de Solis, orphelin et sans fortune, il est recueilli par son oncle. C'est un jeune homme timide « ses yeux timides, mais doublés d'une âme forte et courageuse jetaient une lumière qui vibraient dans l'âme. Son visage était régulier et harmonieux. Il semblait ignorer l'attrait qu'excitait la réserve à demi-mélancolique de son attitude. »
Ces deux êtres sont donc très semblables et la première fois qu'ils se rencontrent, ils se reconnaissent : « Emmanuel et Marguerite s'étaient sans doute déjà vus l'un et l'autre dans leurs rêves ». Balzac décrit les regards furtifs échangés, et associe à une voix musicale cete harmonie qui semble naître en eux deux. Devant le portrait d'un ange, « le jeune homme chercha Marguerite pour comparer la muette pensée de la toile à la vivante pensée de la créature. Cette involontaire et ravissante flatterie fut comprise et savourée. ». Ce sont alors des chastes rencontres et conversations sur un banc dans le jardin. Marguerite essaie de comprendre le jeune homme : il étudie pour devenir professeur, il avoue son goût pour la simplicité et une vie tranquille. Quand la mère tombe malade, ils se retrouvent au chevet de son lit. Balzac analyse avec minutie les différents aspects de l'amour mais place celui des deux jeunes gens dans une atmosphère tragique. « L'amour enseveli dans le coeur d'E et M sans que ni l'un ni l'autre ne comprissent encore qu'il s'en allait de l'amour, cet amour éclos sous la voûte sombre de la galerie Claës , subissait la couleur brune, les teintes grises qui le décorèrent à ses premières heures ». Leurs petits moments d'aveux indirects, de promesses inachevées pourraient se comparer à ces allégories peintes par Raphaël sur des fonds noirs ; c'est donc un amour