Analyse ames fortes
Vers une vérité toujours plus grande ? Un processus de dévoilement.
Les interventions du Contre ont pour effet de déconstruire le récit de Thérèse. Ainsi du séjour à Lus : Thérèse commence par prétendre qu’elle et Firmin n’y sont passés que le temps d’attendre la voiture, en buvant un café noir, alors que le Contre raconte à l’inverse qu’ils y auraient fait la fête pendant plusieurs jours, se donnant à Firmin par la même occasion.
Thérèse ne s’oppose pas toujours à ces corrections : p. 75 : (à propos du goût de Thérèse pour les hommes et du fait qu’il est peu probable que Thérèse soit restée chaste avec Firmin) « Ce n’est pas impossible qu’elle ait dit ça, ta tante. » On notera cependant que la concession porte sur les affirmations de la tante, qui sont acceptées, mais pas sur le fait même qu’évoque la tante. De même p. 82, Thérèse semble admettre la version des faits du Contre. Le débat porte sur la question du logement de Thérèse dans les 1ers temps du séjour à Châtillon ; alors que Thérèse se présentait comme vivant à l’auberge, le Contre affirme qu’au contraire, elle vivait dans une espèce de cabane à lapins. Quand le Contre rapporte : « On les a mis par charité dans une cabane. », Thérèse semble acquiescer : « il y a eu en effet quelque chose de ce genre. » Mais elle n’en poursuit pas moins : « Il y eu, en effet, quelque chose de ce genre. Il faisait assez froid dans ces combles, mais avec Firmin (…) Moi c’était tard quand je montais. » (ce qui laisse entendre qu’elle habitait en fait à l’auberge). Thérèse feint donc d’admettre les objections du Contre, mais tout se passe comme si elle n’en tenait pas compte : elle continue son récit comme si de rien n’était. Le principe de non-contradiction ne s’applique donc que très imparfaitement dans ce récit.
Quoi qu’il en soit, il semble acquis que Thérèse s’arrange volontiers avec la vérité, qu’elle n’hésite pas à transformer, à déformer, à manipuler. De fait, son