Analyse déjeuner du matin - jacques prévert
"Dejeuner du matin" est l'un des poemes, non seulement de Prevert mais de tous les ecrivains francais, les plus lus en classe. (1) Il est tres prise des enseignants parce que c'est un bon exemple de texte au passe compose. De plus, son sens est apparemment tres simple; et son usage on ne peut plus ordinaire du "il" inscrit dans une suite d'actions au passe compose rend la pratique des variations a la Queneau (du genre Exercices de style), comme l'a fait Armelle Webster dans son article cite en introduction a cette etude, tres aisee. (2)
Et pourtant, ce poeme est plus complexe qu'il n'y parait et il ne faut pas se laisser abuser par son sens en apparence univoque: une " pauvre femme qui conte son tourment ", comme y voit naivement Albert Gaudin dans " La poesie de Prevert " (433). Nous allons, dans ce travail, montrer comment ce poeme est un petit chef-d'oeuvre de composition et de sens par son apparente simplicite qui est, en realite, une " simplicite en trompe-l'oeil ". De ce poeme, Prevert a, selon nous, fait " quelque chose de rien ", a l'instar de Racine avec Berenice, et a brillamment reussi dans son entreprise.
Le poeme " Dejeuner du matin " est depose le 4 janvier 1940 a la S.A.C.E.M. (Societe des auteurs, compositeurs et editeurs musicaux) avec une partition de Joseph Kosma, puis publie en mars 1945 dans le numero 2 (nouvelle serie) de Confluences, avant de reparaitre dans le recueil Paroles en mai 1946. De nombreux critiques (Picon, Nadeau, Gaudin ...)