Analyse de gutte nacht
Dès le début, la thématique du voyageur est présente. Les croches répétées donnent une impression de mouvement, certes, mais de mouvement inutile, comme si le voyageur était perdu et tournait en rond, ce qui est une métaphore de sa vie amoureuse, bloquée. La multitude de cadences parfaites faibles (très courte et sans grande importance fonctionnelle) va également dans ce sens. Il n’y a pas de demi-cadence, donc pas de repos. Cependant, le discours est structuré quand même. Le fait même d’introduire une ritournelle à ce lied est un principe de fixité.
Le mot Fremd qui ouvre le lied et le cycle est particulièrement mis en valeur à la fois dans le poème, anaphore des deux premiers vers, et dans la musique, attaqué dans l’aigu. D’ailleurs, la première et troisième phrases sont en courbe descendante (elles commencent dans l’aigu et se finissent dans le grave) alors que la deuxième (celle qui parle d’amour en majeur) est une marche ascendante. En terme de proportion par rapport au texte, les vers 1-4 forment la première phrase répétée, les vers 5 et 6 forment la deuxième phrase : ils sont répétés deux fois afin de réaliser la marche harmonique et les deux derniers vers sont eux aussi répétés, à l’exception de la cadence finale.
La construction de la troisième strophe est aussi intéressante. Outre les modifications et l’amplification de l’accompagnement donnant une plus grande ampleur et plus de profondeur à la musique,