Analyse de poème; le dormeur du val
C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Le poème que nous allons analyser est « Le Dormeur du Val » de Arthur Rimbaud, écrit en octobre 1870. Rimbaud appartenait au mouvement symboliste. Notre analyse se fera en trois étape : la description, la compréhension et l’interprétation.
Débutons l’analyse de ce poème par une descriptions de la matérialité du poème. Ici c’est un sonnet c’est-à-dire constitué de deux quatrains et de deux tercets. Les vers sont en alexandrin classique rimé. La plupart des rimes sont croisés (les deux premiers rimes du premier tercet dont suivis et les quatre vers suivants sont embrassés) et riches (deux sont suffisantes : « tête nue – la nue » et « bleu – pleut ») et elles alternent classiquement les finales féminines et masculines.
Poursuivons avec la compréhension en relevant d’abord les champs sémantiques. Les thèmes abordés sont donc la nature (verdure, rivière, glaïeuls,…) la lumière (soleil, rayon, lumière…), le corps humains (bouche, pieds, poitrine,…) le repos (dort, berce-le, tranquille,…) le froid (froid, frisson,…), la maladie (pâle, enfant malade) et la joie (chante, souriant,...). Intéressons nous maintenant au cadre spatio-temporel. Ici l’action se déroule probablement au printemps car la sensation de froid est mêlée aux rayons de soleil (« il a froid » et « où le soleil,…,