Analyse de texte - Louise Labé
Texte de Louise LABÉ – SONNET VIII
Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J’ai chaud extrême en endurant froidure ;
La vie m’est et trop molle et trop dure ;
J’ai grands ennuis entremêlés de joie.
Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j’endure ;
Mon bien s’en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.
Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.
Puis quand je crois ma joie être certaine
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.
Louise Labé, « sonnets VIII » (Élégies et Sonnets – 1555)
Intro :
Ce sonnet a été écrit par Louise Labé au XVIe siècle et publié en 1555 sous le titre Œuvres qui regroupe des types de textes différents (Sonnets, Elégies, Débat de Folie et d’Amour). Il s’agit du 8e sonnet d’un recueil en comportant 24. Il s’agit donc d’un sonnet amoureux écrit en décasyllabe, une forme très utilisé au XVI. Celui-ci est écrit par une femme ce qui bouleverse les topoï établis par une littérature majoritairement masculine. Ainsi, Louise Labé, que l’on peut supposer être l’amante ici représentée, utilise un «je» lyrique grâce auquel elle exprime le désordre de son âme provoqué par l’Amour. Les quatrains décrivent la contradiction des sentiments amoureux alors que les tercets en donnent une explication. Ce sonnet mélange tous les effets de l’Amour et montre en fait le cri d’une amante qui souffre de sa situation et de l’absence de son amant.
Analyse du texte :
Lyrisme avec « je » (sujet) et les « me » (subit)
Amour : souffrance physique avec le lexique de la souffrance et morale
« ainsi Amour… » a majuscule donc sujet : personnification
Allitération en m l.1
Absence total de l’amant
Amour : éternel recommencement : fin du poème
Mouvement :
Quatrains : état physique et psychologique paradoxal + opposition
Tercets : éclaire le sens