Analyse de l'avare-moliere
Premièrement, je n’y retrouve pas les qualités d’écriture qui me ravissent tant parfois chez l’auteur et dont on peut faire l’éloge dans Le Tartuffe, à titre d'exemple.
Deuxièmement, ce qui donne normalement de la valeur à une comédie, c’est son potentiel comique, son pouvoir à faire rire sans retenue et sans complaisance. Ici, je n’ai que souri et à de rares endroits ce qui n’est pas la meilleure performance qu’a su réaliser Molière sur ma personne.
Ce faisant, et c’est mon troisième point, l’essentiel des passages vraiment drôles ont été repompés quasi intégralement dans des comédies existantes et ne sont donc pas, à proprement parler, de Molière. Je pense notamment au vol de la cassette et au quiproquo entre l’argent et la fille d’Harpagon qui vient tout droit de la comédie de Plaute La Marmite (Aulularia). La scène du prêt entre le fils prodigue et son père usurier ainsi que l’épisode fameux de l’inventaire des vieilleries à acquérir sont une recopie quasi intégrale d’une pièce du Normand Boisrobert (La Belle Plaideuse). De même que la fameuse tirade d’Harpagon qui hurle à l’assassin suite au vol de son argent, qui est un emprunt très fidèle à Larivey dans Les Esprits, lui-même s’étant largement inspiré de Plaute, ce dernier calquant sa pièce sur celles de Ménandre et lequel encore n’était probablement pas le premier à tirer le portrait de l’avarice maladive.
Quatrièmement, l’intérêt, dans la construction et pour la structure de la pièce, d’avoir surajouté des histoires d’amour alambiquées, croisées, compliquées, bancales opposant les pères et les fils parmi les frères et les sœurs ne m’apparaît pas clairement pour l’efficacité du portrait caricatural du vieil avare maniaque et pathologique qu’il se propose de brosser. Voire, et c’est mon point de vue, tout ce fouillis, ce cafouillis, ce brouhaha ne fait qu’affaiblir la puissance et la justesse de la satire.