Analyse discours de vaise - Jaurès
Par Catherine MOULIN, professeur agrégée d’Histoire au lycée Pierre Brossolette à
Villeurbanne, membre de la Société d’études jaurésiennes.
Le 28 juin 1914, l’assassinat du prince héritier d’Autriche-Hongrie, FrançoisFerdinand et de son épouse, à Sarajevo par un étudiant serbe de Bosnie, déclenche une crise régionale qui entraine quelques semaines plus tard l’Europe dans un conflit généralisé. A partir du 23 juillet, date à laquelle l’ Autriche-Hongrie adresse un ultimatum à la Serbie, la crise s’accélère et l’énoncé des faits ressemble à une machine infernale implacable : 25 juillet : les relations diplomatiques sont rompues entre l’Autriche-Hongrie et la Serbie; 28 juillet : l’Autriche-Hongrie entre en guerre contre la Serbie ; le 30 juillet :mobilisation générale en Russie ; 1° août : l’Allemagne déclare la guerre à la Russie ; 2 août : mobilisation en France ; 3 août : l’Allemagne déclare la guerre à la France et envahit la Belgique ; 4 août : le Royaume-Uni déclare la guerre à l’Allemagne. C’est ce mécanisme qu’anticipe Jaurès avec beaucoup de lucidité au début du discours. Jaurès qui lutte avec toute son énergie contre une guerre dont il prévoit l’atrocité.
Pourtant, le 25 juillet, il vient à Lyon, dans le quartier populaire de Vaise plus précisément, pour un motif politique qui peut sembler bien secondaire dans un tel contexte : il vient soutenir un jeune avocat, Marius Moutet, candidat SFIO à une élection législative partielle (organisée à la suite du décès du député socialiste
Marietton)… S’il n’était le dernier discours prononcé par Jaurès en France, le discours de Vaise aurait peut-être été oublié en dépit de sa qualité: le texte n’a pas été publié dans L’Humanité, il parait seulement dans L’avenir socialiste, journal lyonnais hebdomadaire, le 1° août 1914. Jaurès est alors déjà mort. Le café où il a
parlé,