Analyse linéaire, Incipit du Hussard sur le toit.
Analyse linéaire de l’incipit
S’inscrivant dans Le Cycle du Hussard, ce roman de Jean Giono, Le Hussard sur le toit, met en scène un jeune homme d’origine piémontaise, Angelo Pardi, confronté à une violente épidémie de choléra, décimant la Provence. Il s’agit de l’incipit du roman, soit l’aube du voyage initiatique d’Angelo, lequel prend finalement la route, ne se doutant pas encore de ce que les futures pages lui réservent. L’extrait que nous étudions laisse donc lentement le décor et le protagoniste s’installer, lequel est brièvement accompagné d’un autre personnage, secondaire. Nous nous rendrons compte, au cours de sa lecture, qu’il s’agit du modèle archétypal d’un incipit de roman.
Ainsi, le texte débute par l’expression : « L’aube surprit Angelo » (p11). D’abord, le protagoniste est invoqué dés la première ligne ; Angelo, donc, dont le prénom est la version italienne d’Ange, invoquant un être supérieur, faisant écho au titre Le Hussard sur le toit, qui sous-entend comme un double sens : plus que sa fuite future sur les toits, il s’agit d’une véritable supériorité sur le commun des personnages ; d’un homme qui, par sa nature angélique, saura échapper à l’épidémie et la mort. (Comme une bénédiction de l’auteur sur son précieux héros. Comme une trouée de lumière dans ce roman pourtant sombre.) L’aube, donc, qui instaure comme un parallèle entre le personnage et le lecteur, l’histoire de ce-dernier et celle que nous détenons entre nos mains : à l’instar du roman, la journée débute à peine. De même : « les oiseaux s’éveillaient dans le vallon » (p11) insinue une pureté virginale propre à l’aube mais souligne aussi cette analogie : lorsque les volatiles s’éveillent au lever du soleil, le lecteur, lui, s’éveille à l’histoire qui s’entame devant lui, se dessine lentement. Car, en effet, c’est un véritable paysage qui s’esquisse progressivement, à la manière d’un tableau. « Les ténèbres de la nuit », « le ciel (…)