Livre VIII, fable 2 : « Le savetier et le financier » par Jean De La Fontaine 1 Un Savetier chantait du matin jusqu'au soir ; 12 alexandrin_ _A_
_ C'était merveilles de le voir, 8 octosyllabique_ _A_
_Merveilles de l'ouïr ; il faisait des passages, 12 B Plus content qu'aucun des sept sages. 8 B
5 Son voisin, au contraire, étant tout cousu d'or, 12 A
Chantait peu, dormait moins encor ; 8 A
C'était un homme de finance. 8 C
Si sur le point du jour parfois il sommeillait, 12 D
Le Savetier alors en chantant l'éveillait, 12 D
10 Et le Financier se plaignait, 8 D
Que les soins de la Providence 8 C
N'eussent pas au marché fait vendre le dormir, 12 A
Comme le manger et le boire. 8 B En son hôtel riche demeure il fait venir 8 A
15 Le chanteur, et lui dit : Or çà, sire Grégoire, 12 B
Que gagnez-vous par an ? — Par an ? Ma foi, Monsieur, 12
Dit avec un ton de rieur, 8
Le gaillard enjoué Savetier, ce n'est point ma manière 12 A De compter de la sorte ; et je n'entasse guère 12 A 20 Un jour sur l'autre : il suffit qu'à la fin 10 B J'attrape le bout de l'année : 8 C Chaque jour amène son pain. 8 B — Eh bien ! que gagnez-vous, dites-moi, par journée ? 12 C*
**— Tantôt plus, tantôt moins : le mal est que toujours ; 12 **D**
25 (Et sans cela nos gains seraient assez honnêtes,) 12 **A** Le mal est que dans l'an s'entr**e**mêl**e**nt des jours 12 **D**
Qu'il faut chômer ; on nous ruine en fêtes. 9 **A**
L'un**e** fait tort à l'autre ; et Monsieur le curé 12 **B**
De quelqu**e* nouveau Saint charge toujours son prône sermon. 12 C
30 Le Financier, riant de sa naïveté, 12 B
Lui dit : « Je vous veux mettre aujourd'hui sur le trône. 12 C Prenez ces cent écus : gardez-les avec soin, 12 A
Pour vous en servir au besoin. » 8 A
Le Savetier crut voir tout l'argent que la terre 12 B
35 Avait, depuis plus de cent ans, 8 A
Produit pour l'usage des gens. 8 A
Il retourne chez lui ; dans sa cave il enserre 12 B