Analyse Psychanalytique Du Film La Piel Quehabito
La piel que habito
Dominique Pasco
« Faire mouche »
C’est l’expression1 employée par Jacques Lacan dans un article publié par le Nouvel
Observateur du 29 Mars 1976 à propos du talent de Benoît Jacquot à la sortie de son film,
L’assassin musicien. Voici la phrase exacte de Lacan : « Érotique d’habitude en effet, le fantasme fonde le vraisemblable, l’apparentement à la vérité. B. Jacquot ayant du talent en fait le vrai tout court. Car c’est en cela que consiste le talent : faire mouche. »2 La Piel que habito d’Almodovar, ressort également d’un talent exceptionnel. Il touche au vrai tout court. Certes, il s’agit d’une fiction, d’un fantasme, d’images, mais cette fiction touche au réel auquel nous avons affaire aujourd’hui et le dévoile. Et c’est avec ce réel, que le réalisateur fait mouche.
L’esthétique, le beau, le perfectionnisme, la complexité du scénario ne le recouvrent pas mais au contraire, contribuent à ne pas reculer face à ce réel en évitant l’obscénité. Notre visée, n’est pas de démontrer en quoi la réalisation de ce film très hitchcockien constitue un appareil de jouissance pour le réalisateur, mais plutôt de cerner au plus près les questions qu’il soulève par le réel qu’il montre. Ce film, comme l’art en général, nous a semblé propice à développer et éclairer le concept de jouissance tel qu’Alain Revel l’introduisait la semaine dernière comme unifiant la pulsion de mort et la libido freudiennes. Aussi, Almodovar après Freud et
1
Exposé présenté le 27 janvier 2012 à la section clinique d’Aix-Marseille.
Lacan J., « Sur l’assassin musicien », Lacan regarde le cinéma, le cinéma regarde Lacan, Collection rue
Huysmans, mai 2011, p. 195.
2
Einstein, par cette fiction, traite de l’irréductible de la pulsion de mort présente pour chaque
Un, toujours nouée à autre chose comme réel. Ce sera le fil conducteur de l’exposé.
À quel vrai, à quel réel touche ce film ?
Qu’il nous plaise ne suffirait pas, mais ce film nous convainc. Lacan écrit encore à