Analyse urbaine
Imaginons que nous procédions à un « interrogatoire » m questionnant d'abord ceux, les plus nombreux sinon tous, qui ne possèdent
(et ne recherchent) aucune des clés habituellement utilisées par les spécialistes et théoriciens de l'espace urbain ; ceux qui ne savent pas qu'un code et donc qu'une manière de décoder l'espace puissent même exister ; ceux qui ignorent tout des types et de la typologie. Que vont-ils répondre si on leur demande ce qu'ils voient dans le territoire de la ville ? A quels objets vont-ils spontanément faire allusion ? Quels objets vont spontanément retenir leur regard ?
Les notations qui reviennent le plus fréquemment concernent les immeubles et les rues. Les immeubles sont perçus comme hauts on au contraire petits> luxueux ou pauvres, colorés ou non (les tours de La Défense sont noires, telle devanture de café est rouge). Les rues sont, elles, décrites comme bruyantes ou calmes, vides de commerces ou au contraire bien équipées. Il y a (ou non) des cinémas et des cafés. Les rues sont notées comme ennuyeuses ou laides et sales, évoquant la pauvreté. On remarque peu ou pas du tout l'architecture, mais seulement l'immeuble exceptionnel
(par sa taille, la coloration des matériaux) ou le chantier de construction, les creux dans la continuité de la forme bâtie. Dans la rue, la présence ou l'absence d'arbres frappent également l'oeil de l'innocent promeneur. En résumé, le tracé, notion abstraite, est remplacé par la rue, espace concret, total et vivant. L'architecture n'est perçue, sauf exception, qu'en tant que volume. Quant au sol, support du bâtiment, sa présence n'est absolument pas mentionnée. On peut, mutatis mutandis, questionner de la même manière les divers traités ou ouvrages fondamentaux de géographie urbaine. Là, objets d'étude des « spécialistes des lieux », des « analystes de l'espace » comme les
géographes