Analyse d'une image
Analyse d’une photographie de Cartier-Bresson (”Derrière la Gare Saint-Lazare”, 1932) juin 2 2009
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Une silhouette fugitive court au-dessus d’une grande flaque d’eau. Nous sommes en 1932 aux alentours de la gare Saint-Lazare. Cartier-Bresson était à l’affût pour immortaliser l’instant. Résultat une photographie énigmatique et célébrissime. Mais pourquoi cette image figure-t-elle parmi les plus connues du photographe ? Qu’est-ce qui se joue ici dans cette image ? Et quel sens donner à cette scène ? C’est ce que nous allons tenter d’élucider en montrant comment à travers l’irruption de la poésie dans une scène de la vie quotidienne Cartier-Bresson illustre la spécificité du médium photographique, à savoir le fameux « instant décisif ».
Ce dont il s’agit d’abord ici c’est d’un décor : les abords de la gare Saint-Lazare à Paris. Un paysage urbain plutôt triste. Le ciel est gris, le sol est inondé, sans doute à la suite d’une lourde averse. La chaussée est encombrée de détritus : amas de pierres, tas de boue, échelle, poutres, tuyaux, brouette… Sans doute l’endroit est-il en travaux. Et puis il y a cette grille qui barre l’image sur toute sa largeur, séparant la gare de la rue. Ce symbole carcéral ne fait qu’ajouter à la morosité de la scène et à l’atmosphère maussade. Tout ça est triste comme une prison en hiver. D’autant que derrière les barreaux se tient une silhouette statique qui semble observer l’homme qui court au premier plan. L’un parait enfermé, emprisonné, quand l’autre semble littéralement voler et s’échapper hors du champ, sauter hors du cadre de la photographie. Et d’ailleurs qui est cet homme qui court et où va-t-il ? Une silhouette sombre, un corps en mouvement photographié en contre-jour, un monsieur sans aucun doute puisqu’il est coiffé d’un chapeau, un quidam en somme, un passant pressé certainement. Peut-être