L'orientalisme, Delacroix-femme d'Alger, Ingres- l'odalisque à l'esclave, Verdi-Aida
Les voyageurs français du XIXe siècle dépeignent un Orient persan et ottoman pittoresque. l’Orient idéalisé est synonyme de calme, de fusion avec la Nature, de globalité. Entre romantisme, orientalisme et positivisme, entre mythes et réalités l’imaginaire véhiculé par la littérature du voyage se fonde sur l’illusion d’un Orient immuable, despotique et sensuel. Il existe un Orient rêvé et un Orient réel qui se rejoignent alors dans une même démarche: partir pour renaître. L’Orient est créé pour et par l’Occident à la recherche d’une identité. L’orient fascine… A travers quelles formes d’art l’orient est il idéalisé ? Pour tenter de répondre à cette question, nous analyserons tout d’abord, le tableau Femme d’Alger, d’Eugène Delacroix, puis dans un second temps nous étudierons une deuxième forme d’art que Napoléon a introduit en Europe, pour finir nous montrerons que l’idéalisation de cet ailleurs, se fait également dans les opéras.
I. FEMME D’ALGER : Eugène Delacroix
En 1832, Eugène Delacroix fait un unique voyage au Maroc et en Algérie. Au XIXème siècle, l’orient fascine. Baudelaire chante la « splendeur orientale » et Delacrois peint les belles fardées de khôl et les cavaliers enturbannés qui l’ont tant séduit au Maroc. Il en rapporte des livrets de croquis et d’aquarelles qu’il exploite longtemps. À Alger, il est autorisé à visiter le harem d’un corsaire turc, une révélation qui lui inspire Femmes d’Alger . Dans l’espace clos et confiné d’un harem algérois, trois femmes sont assises sur de luxueux tapis orientaux. Elles portent de riches tuniques de vaporeuse soie brodée, par-dessus des pantalons bouffants, des sarouels, qui laissent voir leurs mollets nus. Elles sont parées d’une abondance de précieux bijoux. La femme de gauche s’appuie négligemment sur des coussins empilés, tandis que ses deux compagnes semblent engagées dans une conversation douce. Les murs sont revêtus de carreaux de faïence