Anglais
Alexis Wright a donné rendez-vous en plein coeur de Melbourne, où elle réside, devant l'entrée principale de la gare de Flinders Street, monument de l'architecture monumentale édouardienne. Physique d'écureuil : petite, menue, teint clair, grands yeux noisette, vêtements aux tons de feuilles mortes. On décide d'aller se poser au musée de Melbourne où se trouve la galerie Bunjilaka consacrée aux Aborigènes. Devant le bâtiment, une classe de fillettes la tête ceinte d'un strict foulard islamique blanc. Alexis Wright a entendu parler de la polémique qui a entouré, en France, le vote de la loi interdisant le port des signes religieux à l'école. «Je ne comprends pas, c'est leur liberté», dit-elle. De la part d'une descendante d'un peuple que l'Australie blanche a voulu assimiler de force après avoir tenté de l'exterminer, la phrase prend un tour particulier.
Le premier ouvrage d'Alexis Wright Les plaines de l'espoir, narre l'histoire d'Ivy, petite fille aborigène arrachée à sa mère pour, comme des dizaines de milliers d'autres, être placée à l'orphelinat d'une mission religieuse qui se chargera de lui «blanchir» l'âme. La vie d'Ivy est une fresque tragique, une descente onirique aux enfers dans un monde halluciné. Dans quelle mesure cette histoire fait-elle écho à celle d'Alexis Wright ? «Mon