AnselAutobiographie
Autoportraits de Rembrandt, de Van Gogh » (définition et exemples du Petit Robert).
Dans le cours de cet article, les théoriques distinctions génériques (entre les mémoires, l’autoportrait proprement dit1, l’autobiographie, le roman autobiographique, l’autofiction…), sans pertinence pour mon propos qui interroge surtout les présupposés, les mobiles, les modèles et les mutations de l’autobiographie, ne seront pas prises en compte. Je considérerai, sans plus de raffinements et subtils distinguos méthodologiques, que toute « peinture » (dans le sens où Montaigne écrit : « car c’est moi que je peins ») d’un écrivain par lui-même relève de l’autoportrait.
Il n’y a pas d’autoportrait « en soi », pour rien. Tout exposition de soi requiert l’attention et l’approbation du lecteur, toute autobiographie est peu ou prou hagiographie2, et tout récit d’une histoire de vie dépend d’intérêts personnels profonds et de modèles discursifs et cognitifs qui commandent la forme choisie, les motifs retenus, l’image que l’on veut donner de soi (et des siens). L’Age d’homme est moins un « autoportrait » de Michel Leiris qu’un récit placé tout entier dans l’orbite du contrat initial exposé dans « De la littérature considérée comme une tauromachie » (1945), texte dont procède toute l’entreprise, texte qui lui donne son sens. C’est un souci de vérité, c’est la volonté de « mettre son cœur à nu » qui donne la clef du portrait de M. Leiris dans L’Âge d’homme. Autres mobiles, autres portraits, et autres modèles de vie aussi.
L’être et le temps
Je naquis au Havre un vingt et un février en mil neuf cent et trois.
Ma mère était mercière et mon père mercier : ils trépignaient de joie.
(R. Queneau, Chêne et chien)
Pour la très grande majorité des autobiographies, le choix de l’ordre des séquences ne se pose pas parce qu’il va de soi,