Anthologie 4
Le vent nocturne
Oh ! les cimes des pins grincent en se heurtant
Et l’on entend aussi se lamenter l’autan
Et du fleuve prochain à grand voix triomphales
Les elfes rire au vent ou corner aux rafales
Attys Attys Attys charmant et débraillé
C’est ton nom qu’en la nuit les elfes ont raillé
Parce qu’un de tes pins s’abat au vent gothique
La forêt fuit au loin comme une armée antique
Dont les lances ô pins s’agitent au tournant
Les villages éteints méditent maintenant
Comme les vierges les vieillards et les poètes
Et ne s’éveilleront au pas de nul venant
Ni quand sur leurs pigeons fondront les gypaètes
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913 Guillaume Apollinaire est un poète et écrivain français, né sujet polonais de l'Empire russe. D'après sa fiche militaire, il est né le 26 août 1880 à Rome et mort pour la France le 9 novembre 1918 à Paris.
Il est considéré comme l'un des poètes français les plus importants du début du XXe siècle.
« Parce qu’un de tes pins s’abat au vent gothique La forêt fuit au loin comme une armée antique Dont les lances ô pins s’agitent au tournant » : La forêt comparée à une « armée antique », Le vent nocturne souffle ses « f » à faire fuir la forêt.
Il allonge ses syllabes comme des enjambées de géant : « au loin », « lances », « pins », tournant ».
Le vent, de l’assonance dans l’air.
De l’assonance qui tresse ses sons : « pins », « loin », « lances », « pins », tournant » ; qui tresse ses sons et affronte la brièveté droite et sèche de la rime : « gothique », « antique ».
L’effet est visuel.