Anthologie de guerre
Poème choisi :
❖ L’épouse du croisé de Maurice Maeterlinck
❖ Le dormeur du val d’Arthur Rimbaud
❖ Après la Guerre de Victor HUGO
❖ Depuis six mille ans la guerre de Victor Hugo (Extraits)
L’épouse du croisé de Maurice Maeterlinck
Et s'il revenait un jour
Que faut-il lui dire ?
- Dites lui qu'on l'attendit
Jusqu'à en mourir !
Et s'il m'interroge encore
Sans me reconnaître ?
- Parlez-lui comme une sœur
Il souffre peut-être
Et s'il demande où vous êtes
Que faut-il lui répondre ?
- Donnez-lui mon anneau d'or
Sans rien lui répondre
Et s'il veut savoir pourquoi
La salle est déserte ?
Montrez-lui la lampe éteinte
Et la porte ouverte...
Et s'il m'interroge alors
Sur la dernière heure ?
- Dites-lui que j'ai souri
De peur qu'il ne pleure...
Le dormeur du val d’Arthur Rimbaud
C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Après la Guerre de Victor HUGO
Mon père, ce héros au sourire si doux,
Suivi d'un seul housard qu'il aimait entre tous
Pour sa grande bravoure et pour sa haute taille,
Parcourait à cheval, le soir d'une bataille,
Les champs couverts de morts sur qui tombait la nuit.
Il lui sembla dans l'ombre entendre un faible bruit,
C'était un espagnol de l'armée en déroute
Qui se traînait sanglant sur le bord