Anthologie de poèmes sur le voyage
La Poésie du voyage.
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine :
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la doulceur angevine.
Joachim Du Bellay (1522-1560)
Commentaires:
Ce poème est un extrait du recueuil intitulé „Les Regrets“ (1558) que Du Bellay a écrit alors qu'il se trouvait en voyage à Rome où il s'était rendu, car il rêvait de voir la grandeur de l'Italie avec ses vestiges de l'Antique. Or pour Du Bellay ce fût un exil difficile.
Ce poème est un sonnet composé de deux quatrains et de deux tercets.
Dans ce poème l'auteur exprime sa déception et sa tristesse d'avoir quitté son pays et sa famille: „Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village, fumer la cheminée etc...“ Il est construit sur une opposition: la grandeur de l'Italie (Les palais Romains) et des héros de la mythologie (Ulysse) et la simplicité de son village („reverrai-je le clos de ma pauvre maison“) qui lui manque tant.
L’albatros
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui,