Anthologie Francais
Après la bataille Guernica ,picasso 1937
Mon père, ce héros au sourire si doux,
Suivi d’un seul housard qu’il aimait entre tous
Pour sa grande bravoure et pour sa haute taille,
Parcourait à cheval, le soir d’une bataille,
Le champ couvert de morts sur qui tombait la nuit.
Il lui sembla dans l’ombre entendre un faible bruit.
C’était un Espagnol de l’armée en déroute
Qui se traînait sanglant sur le bord de la route,
Râlant, brisé, livide, et mort plus qu’à moitié.
Et qui disait: ” A boire! à boire par pitié ! ”
Mon père, ému, tendit à son housard fidèle
Une gourde de rhum qui pendait à sa selle,
Et dit: “Tiens, donne à boire à ce pauvre blessé. ”
Tout à coup, au moment où le housard baissé
Se penchait vers lui, l’homme, une espèce de maure,
Saisit un pistolet qu’il étreignait encore,
Et vise au front mon père en criant: “Caramba! ”
Le coup passa si près que le chapeau tomba
Et que le cheval fit un écart en arrière.
“Donne-lui tout de même à boire”, dit mon père.
Victor Hugo
LE FAUCHEUR La Guerre d'Otto Dix
Voilà, c’est fait. Une fois de plus, la claire campagne
A nourri l’instrument du faucheur. Tout est silence, Le chaume au repos Est couvert de coquelicots rouge sang. « Où sont mes fils? », la mère pleure,
« Des gamins encore», déjà disparus. « Morts, morts », soupire le faucheur, « Comme le blé à la fauche descendus. »
Et donc une fois de plus
La semence de la vie est répandue
Dans la terre qui la couve elle est déposée.
Mais ce n’est jamais terminé. Une fois encore, les jeunes hommes tous Du faucheur doivent nourrir le cruel instrument.
Bill Caddick
L'Affiche rouge « L'affiche rouge » par la propagande nazi , placardé en 1944