anthologie poétique temps qui passe
Sous le portique ancien d’un grand temple oriental
Repose l’or du temps et son précieux visage
Entre les pampres roux d’une vigne sauvage,
Dont les mèches de feu exhalent le santal.
Le sable des allées et son miroir fatal
Dévorent les années et leurs milliers d’images
D’une faim attisée par les baisers volages
Des alizés grisés au souffle du cristal.
Le damas bleu du ciel, brodé de rêveries,
Couvre les marbres bruts d’une guimpe de soie
Dont le soleil brûlant habille l’infini.
Car les dieux sont partis habiter d’autres îles,
Abandonnant ce lieu qu’un grand prêtre autrefois
Leur avait consacré comme terre d’asile.
Francis Etienne Sicard, Odalisque, 1995
Quand vous serez bien vieille
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle.
Lors, vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s’aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.
Je serai sous la terre et fantôme sans os :
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos :
Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.
Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène, 1587
Stances à Marquise - Pierre Corneille
Marquise, si mon visage A quelques traits un peu vieux Souvenez-vous qu’à mon âge Vous ne vaudrez guère mieux.
Le temps aux plus belles choses Se plaît à faire un affront Et saura faner vos roses Comme il a ridé mon front.
Le même