ANTHOLOGIE SUR LA GRANDE GUERRE
SOMMAIRE
I La guerre vue du côté français
Les romans
Les croix de bois, Roland Dorgelès
Paroles de poilus, Jean-Pierre GuénoA la recherche du temps perdu, Marcel Proust
Au revoir là-haut, Pierre Lemaître
La main coupée, Blaise Cendrars
Ceux de 14, Maurice Genevois
Les poèmes
Rhénane d’ automne, alcool, Guillaume Apollinaire
Si je mourais là-bas, poème de lou, Guillaume Apollinaire
Chant de l’honneur, calligramme, Guillaume Apollinaire
Désir, calligramme, Guillaume Apollinaire
A l’Italie, calligramme, Guillaume Apollinaire
Les larmes se ressemblent, les yeux d’Elsa, Louis Aragon
La rose et le réséda, Diane Française, Louis Aragon
Elsa, le roman inachevé, Louis Aragon
II. La guerre vue du côté allemand
Les romans
Ordre du jour, Edlef Koppen
Le boqueteau 125, Ernst Jünger
Orage d’acier, Ernst Jünger
Combat comme expérience intérieure, Ernst Jünger
Les poèmes
Grodek, Georg Trakl
Au reichtag, les ailes rouges de la guerre, Emile Verhaeren
Mourir pour la Patrie
Non, c’est affreux, la musique ne devrait pas jouer ça…L’homme s’est effondré en tas, retenu au poteau, par ses poings liés. Le mouchoir, en bandeau, lui fait comme une couronne. Livide, l’aumônier dit une prière, les yeux fermés pour ne plus voir.Jamais, même aux pires heures, on n’a senti la Mort présente comme aujourd’hui. On la devine, on la flaire, comme un chien qui va hurler. C’est un soldat, ce tas bleu ? Il doit être encore chaud.Oh ! Être obligé de voir ça, et garder, pour toujours dans sa mémoire, son ci de bête, ce cri atroce où l’on sentait la peur, l’horreur, la prière, tout ce que peut hurler un homme qui brusquement voit la mort là, devant lui. La Mort : un petit pieu de bois et huit hommes blêmes, l’arme au pied.Ce long cri s’est enfoncé dans notre cœur à tous, comme un clou. Et soudain, dans ce râle affreux, qu’écoutait tout un régiment horrifiée, on a compris des mots, une supplication d’agonie : « Demandez pardon pour moi…Demandez