Anthologie sur le voyage
La voici la face de l'Atlantique dans cette grande pièce carrée si fière de ses angles en pleine mer, ce salon où tout feint l'aplomb et l'air solidement attaché de graves meubles sur le continent, mais souffre d'un tremblement maritime ou d'un quiétude suspecte, même la lourde cheminée avec ses fausses bûches éclairées à l'électricité qui joue la cheminée de château assise en terre depuis des siècles.
Que prétend ce calendrier, fixé, encadré, et qui sévèrement annonce samedi 17 juillet, ce journal acheté à la dernière escale et qui donne des nouvelles des peuples, ce vieux billet de tramway retrouvé dans ma poche et qui me propose de renouer avec la Ville ?
Que témoignent toutes ces têtes autour de moi, tous ces agglomérés humains, qui vont et viennent sur le pont de bois mouvant entre ciel et vagues, promenant leur bilan mortel, leurs chansons qui font ici des couacs aigrelets, et prétendent qu'il faudrait à cette mer qui prend toujours et se refuse, quelques cubes en pierre de taille avec ces fenêtres et pots de géranium, un coteau dominé par la gare d'un funiculaire et un drapeau tandis que sur le côté, des recrues marcheraient; une, deux, une deux, sur un terrain de manoeuvre.
Mais sait-elle même qu'il existe l'homme qui fume ces cigares accoudé au bastingage, le sait elle, la mer,