Anthologie
Imprimer Offrez à un ami Alfred de MUSSET (1810-1857)
TristesseJ'ai perdu ma force et ma vie,Et mes amis et ma gaieté;J'ai perdu jusqu'à la fiertéQui faisait croire à mon génie.Quand j'ai connu la Vérité,J'ai cru que c'était une amie ;Quand je l'ai comprise et sentie,J'en étais déjà dégoûté.Et pourtant elle est éternelle,Et ceux qui se sont passés d'elleIci-bas ont tout ignoré.Dieu parle, il faut qu'on lui réponde.Le seul bien qui me reste au mondeEst d'avoir quelquefois pleuré.
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Imprimer Offrez à un ami Alfred de VIGNY (1797-1863)
L'âge d'or de l'avenirLe rideau s'est levé devant mes yeux débiles,La lumière s'est faite et j'ai vu ses splendeurs ;J'ai compris nos destins par ces ombres mobilesQui se peignaient en noir sur de vives couleurs.Ces feux, de ta pensée étaient les lueurs pures,Ces ombres, du passé les magiques figures,J'ai tressailli de joie en voyant nos grandeurs.Il est donc vrai que l'homme est monté par lui-mêmeJusqu'aux sommets glacés de sa vaste raison,Qu'il y peut vivre en paix sans plainte et sans blasphème,Et mesurer le monde et sonder l'horizon.Il sait que l'univers l'écrase et le dévore ;Plus grand que l'univers qu'il juge et qui l'ignore,Le Berger a lui-même éclairé sa maison.
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Imprimer Offrez à un ami Alphonse de LAMARTINE (1790-1869)
Le papillonNaître avec le printemps, mourir avec les roses,Sur l'aile du zéphyr nager dans un ciel pur,Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses,S'enivrer de parfums, de lumière et d'azur,Secouant, jeune encor, la poudre de ses ailes,S'envoler comme un souffle aux voûtes éternelles,Voilà du papillon le destin enchanté!Il ressemble au désir, qui jamais ne se pose,Et sans se satisfaire, effleurant toute chose,Retourne enfin au ciel chercher la