Anthropologie du vetement
MNHN
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POUR UNE ANTHROPOLOGIE DU VETEMENT
Yves DELAPORTE (CNRS, Musée de l’Homme)
Référence de publication Yves Delaporte, « Pour une anthropologie du vêtement », Vêtement et sociétés /1, Actes des Journées de rencontre des 2 et 3 mars 1979 éditées par Monique de Fontanès et Yves Delaporte, Paris, Laboratoire d’ethnologie du Museum national d’histoire naturelle, Société des amis du Musée de l’homme, 1981, pp. 3-13.
« Le vêtement est l'instrument de la dignité de l'homme et le symbole de sa fonction humaine » André LEROI-GOURHAN
Comme le langage, le vêtement fascine à la fois par son universalité et par l'extrême diversité des formes qu'il peut prendre d'une société à l'autre ; plus que le langage peut-être, il apparaît lié à l'espèce humaine. Son importance est consacrée par l'intérêt qu'historiens, folkloristes, ethnologues, sociologues, technologues, lui portent depuis longtemps, ainsi que par l'une des bibliographies les plus vastes qui soient. Cependant, force est de reconnaître que, en dépit de cet intérêt sans cesse renouvelé, la science du costume reste à l'état d'ébauche. Il y a sans doute à cela plusieurs causes, mais la principale semble être cette fragmentation même entre différentes disciplines, jalouses chacune de leurs méthodes et de leurs traditions, et trop souvent fermées à d'autres points de vue. Les sociologues qui ont disserté sur la mode semblent souvent ignorer les matériaux que les ethnologues ont collectés dans des sociétés traditionnelles ; ces mêmes ethnologues ne devraient pas tenir pour négligeable l'apport d'un surgeon prometteur de la linguistique, la sémiologie ; les historiens gagneraient à écouter l'enseignement de la technologie, évitant ainsi de raisonner sur des formes conçues parfois trop abstraitement. La place fait ici défaut pour tenter un recensement de ce qu'il resterait à faire dans chacun de ces domaines ; on se contentera donc d'une remarque générale — en histoire comme en