Antisysteme partisan
Dynamique de la compétition politique et vote en faveur de l'extrême droite en Europe de l'Ouest
Draft
Nicolas Sauger (CEVIPOF/FNSP) L’émergence électorale d’une nouvelle extrême droite, durant ces deux dernières décennies, représente l’une des transformations majeures des systèmes partisans ouest-européens. La percée de l’extrême droite a en effet largement contribué à l’augmentation de la fragmentation partisane et de la volatilité électorale durant cette période1. Plus largement, la montée de l’extrême droite a participé à la modification de la structure des clivages socio-politiques organisant ces systèmes partisans depuis l’entre-deux guerres, pour deux raisons. Elle a favorisé pour partie la tendance d’effacement des clivages (désalignement) dans la mesure où cette extrême droite ne peut être considérée seulement comme une droite radicalisée. Mais elle a également contribué au brouillage des clivages traditionnels en donnant consistance à un nouveau clivage, constitué autour de la dimension post-matérialiste (Ignazi, 1992). Les transformations entraînées par l’émergence électorale de l’extrême droite doivent être néanmoins relativisées. Elles doivent être mises en regard, tout d’abord, avec l’hétérogénéité importante de cette famille politique. Hétérogénéité patente au point où la plupart des grandes enquêtes comparatives portant sur les partis politiques n’intègrent pas cette catégorie dans leur nomenclature de familles de partis, par exemple. D’autre part, si l’ensemble des systèmes partisans européens connaissent des transformations, tous les pays ne voient pas s’imposer sur leur scène politique un parti d’extrême droite puissant. De ce point de vue, il faut tenir également compte de la très grande hétérogénéité des trajectoires historiques des différents partis pouvant, à un moment, être qualifiés d’extrême droite. Leur croissance