Antoineparent
A une Dame créole
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INTRODUCTION
Pendant qu’on procédait aux réparations les plus urgentes sur le Paquebot-des-mers-du-Sud, les passagers s’étaient logés dans l’unique hôtel de Port-Louis. Mais Baud. fut reçu à plusieurs reprises par une famille de planteurs créoles, les Autard de Bragard, dans leur propriété de Pamplemousses, et comme il avait sans doute fait savoir qu’il écrivait de la poésie (ses premiers vers remontent à sa scolarité au collège Louis-le-Grand), M. Autard lui demanda de composer un poème en l’honneur de sa jeune épouse Emmeline (alors âgée de 23 ans), qui était, dit-on, d’une grande beauté (cf. son portrait). La réponse fut un sonnet irrégulier (schéma abab pour les quatrains, ccd et eed pour les tercets), que Baud. envoya à l’intéressé de Bourbon le 20 octobre 1841 (le lendemain du départ du capitaine Saliz) dans une lettre qui commençait en ces termes :
Mon bon Monsieur Autard,
Vous m’avez demandé qques vers à Maurice pour votre femme, et je ne vous ai pas oublié. Comme il est bon, décent et convenable que des vers adressés à une dame par un jeune homme passent par les mains de son mari avant d’arriver à elle, c’est à vous que je les envoie, afin que vous ne les montriez que si cela vous plaît. […] Voici mon sonnet :
La pièce ne comportait pas de titre ; celui-ci ne lui fut donné que lorsqu’elle parut (avec qques modifications) dans L’Artiste du 25 mai 1845, sous la forme A une créole (l’intitulé définitif date de la première édition des Fleurs du Mal, en 1857). Cette forme de titre est relativement courante dans le recueil, surtout avec des personnages féminins, la préposition servant à désigner, de manière anonyme, l’inspiratrice et la dédicataire du poème (cf. par ex. A une Madone, A une Mendiante rousse, A une Passante).
Le sonnet s’organise en deux thèmes suivant la répartition des strophes :
1) un hommage à la beauté de la jeune femme dans les quatrains
2) une