AP Romantisme
LE CLEC’H Sophie
Le Romantisme
Thèmes : mélancolie, nostalgie, passion, et expression des sentiments personnels, a des dimensions politiques, le mal du siècle, le « moi » comme valeur absolue, la quête de l’idéal.
La Forêt
Forêt silencieuse, aimable solitude,
Que j’aime à parcourir votre ombrage ignoré !
Dans vos sombres détours, en rêvant égaré,
J’éprouve un sentiment libre d’inquiétude !
Prestiges de mon cœur ! je crois voir s’exhaler
Des arbres, des gazons une douce tristesse :
Cette onde que j’entends murmure avec mollesse,
Et dans le fond des bois semble encor m’appeler.
Oh ! que ne puis-je, heureux, passer ma vie entière
Ici, loin des humains !… Au bruit de ces ruisseaux,
Sur un tapis de fleurs, sur l’herbe printanière,
Qu’ignoré je sommeille à l’ombre des ormeaux !
Tout parle, tout me plaît sous ces voûtes tranquilles ;
Ces genêts, ornements d’un sauvage réduit,
Ce chèvrefeuille atteint d’un vent léger qui fuit,
Balancent tour à tour leurs guirlandes mobiles.
Forêts, dans vos abris gardez mes vœux offerts !
A quel amant jamais serez-vous aussi chères ?
D’autres vous rediront des amours étrangères ;
Moi de vos charmes seuls j’entretiens les déserts.
François-René de Chateaubriand, Tableaux de la nature
Le deuil
Charle ! Charle ! ô mon fils ! quoi donc ! tu m'as quitté.
Ah ! tout fuit ! rien ne dure !
Tu t'es évanoui dans la grande clarté
Qui pour nous est obscure.
Charles, mon couchant voit périr ton orient.
Comme nous nous aimâmes !
L'homme, hélas ! crée, et rêve, et lie en souriant
Son âme à d'autre âmes ;
Il dit : C'est éternel ! et poursuit son chemin ;
Il se met à descendre,
Vit, souffre, et tout à coup dans le creux de sa main
N'a plus que de la cendre.
Hier j'étais proscrit. Vingt ans, des mers captif,
J'errai, l'âme meurtrie ;
Le sort nous frappe, et seul il connaît le motif.
Dieu m'ôta la patrie.
Aujourd'hui je n'ai plus de tout ce que j'avais
Qu'un fils et qu'une fille ;
Me voilà presque seul dans cette ombre où je vais ;