Apollinaire automne malade
Guillaume Apollinaire, Alcool (1913)
« Automne malade »
Automne malade et adoréTu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraiesQuand il aura neigéDans les vergers5Pauvre automneMeurs en blancheur et en richesseDe neige et de fruits mûrsAu fond du cielDes éperviers planent10Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et nainesQui n'ont jamais aiméAux lisières lointainesLes cerfs ont braméEt que j'aime ô saison que j'aime tes rumeurs15Les fruits tombant sans qu'on les cueilleLe vent et la forêt qui pleurentToutes leurs larmes en automne feuille à feuilleLes feuillesQu'on foule20Un trainQui rouleLa vieS'écoule |
Introduction
— Apollinaire (1880-1918), né d'une mère polonaise et d'un père italien, est un poète et écrivain français des plus importants du début du XXème siècle. C'est le chef de file du surréalisme.
— Il publie en 1913 le recueil Alcools, donc l'écriture est caractérisée par :
. la présence du thème du voyage.
. mélange de modernité et de légendaire.
. une poésie lyrique.
. thèmes courants (ivresse, femmes, automne).
I. Un poème – paysage de l'automne
éléments habituels de la saison
— nature riche « vergers », « roseraie ».
— nature fragile par la chute des fruits + « feuille à feuille ».
— références à des lieux imprécis mais représentatifs de la saison : « lisières lointaines », « forêt ».
— proximité de l'hiver. disposition des vers représentatifs de l'automne
— le dernier vers imite la chute des feuilles dans sa disposition.
— reprise rapide du son « oule » renforce l'idée de flétrissure.
— V.2 : reprise des sons de « ouragan » dans chaque hémistiche du vers. ③ l'indécision de la saison
— vocabulaire imprécis « rumeurs », « lisières ».
— associations de termes positifs et négatifs « malade » et « adoré », « neigé » et « verger ».
— titre du poème → doute et malaise.
— alternance de vers réguliers (v.3, v.9, v.16) et irréguliers.